Belle French
Célébrité : Emilie de Ravin (© Arwene) Camp : Les gentils Messages : 103 Je suis arrivé(e) le : 15/07/2014 Localisation : Errance en ville.
« Peut-il arriver mieux à une belle jeune fille que de tomber sur un monstre ? »
— A.N. Prénom et nom (2e perso) : Belle | Sujet: BELLE ❥ tale as old as time Sam 2 Aoû - 16:50 | |
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« the Beauty & the Beast » Bonjour! Je m'appelle Belle French. Je suis âgée de vingt-six ans et je suis célibataire. Dans le monde des contes, on me connaît sous le nom de Belle. Je viens de Fairytale Land et je suis humaine. Je suis enfermée dans un asile ; mon grand amour est Rumplestiltskin, La Bête. Je viens du conte La Belle & la Bête et je souhaite intégrer le groupe Envie. Quant à mon visage, il m'a été prêté par Emilie de Ravin. « Never part of any crowd Her head's up on some cloud » Il était une fois… non, attendez, il n’était pas une fois. Il est une fois, et il est une jeune femme – une jeune femme qui rêve d’aventure et d’amour, de grandes histoires et de voyages. Une princesse qui rêve, tout court d’ailleurs, un sourire aux lèvres et une douceur dans le regard… avant de se rappeler qu’il y a des obligations à remplir, une étiquette à laquelle se soumettre et – évidemment – un fiancé et un père à rendre fiers. Fais pas ci, fais pas ça Viens ici, mets toi là Attention prends pas froid Ou sinon gare à toi […] Dis bonjour dis bonsoir Ne cours pas dans le couloir […] Fais pas ci fais pas ça Viens ici ôte toi de là […] Prends la porte sors d'ici Écoute ce qu'on te dit.
Belle eut une enfance heureuse ; elle avait tout pour elle : de l’amour, de l’attention, un château, de belles robes, beaucoup de livres, tout ce qu’elle désirait… hormis la liberté. Elle était une princesse, et il est de notoriété publique les princesses ne font pas n’importe quoi. Pourtant, elle aurait tellement voulu monter à cheval comme les garçons, se battre avec une épée, partir voir le monde ou grimper sur les trois-mâts, découvrir des trésors et rencontrer des gens. Vivre, quoi. Au lieu de ça, elle devait se tenir droite, sourire tout le temps, savoir tenir le Château, et étouffer sous la tonne de contraintes qui lui incombaient. En plus, ma jolie Belle, c’est un monde d’hommes, tu vois bien que ce ne sont pas tes affaires. Comment ça, pas ses affaires ? Hey ! Il s’agit de sa vie, et elle seule saura décider du chemin qu’elle empruntera. Et si les affaires de son père ne sont pas les siennes, qui oserait refuser un conseil avisé sorti d’une tête bien faite ? Hors de question de lambiner dans ses quartiers tandis que les décisions se font dans la pièce d’à côté - elle mettra en avant la plus belle de ses armes : sa culture. Si c’est comme la confiture, elle en possède bien des pots. Nourrie d’épopées, de secrets et de magie, il y a dans le cœur de Belle un mélange de curiosité, de sagesse, de ténacité, qui la sublime et lui permet de se battre pour ce qui compte le plus pour elle. Un petit caractère donc, mais une bonté et une générosité sans limites. Naïve ? Pensez-donc. À peine. Belle voit le bien partout, et en chacun d’entre nous : si dans les livres, la fin n’est pas toujours heureuse, elle s’efforce de croire que chacun peut être sauvé et qu’il suffit d’un petit coup de pouce. Cruelles sont les désillusions, mais dans sa foi, elle ne renonce devant rien. Foi en la vie, foi en l’humanité – Belle espère toujours faire pour le mieux et agir pour une noble cause, quel qu’en soit le prix. Par-delà le concert Des sanglots et des pleurs Et des cris de colère Des hommes qui ont peur […] Il nous faut écouter L'oiseau au fond des bois Le murmure de l'été […] Les prières des enfants Et le bruit de la terre Qui s'endort doucement.
Ainsi Belle est une incorrigible optimiste, et se donne toujours à cent pour cent pour réaliser les projets qui lui tiennent à cœur. Quand elle a quelque chose en tête, elle ne recule devant rien pour l’obtenir – quitte à en passer par le pire, elle sera celle-là ou ne sera pas. Un courage du cœur et une noblesse de l’âme, sans égoïsme ni opportunisme, Belle incarne la bienveillance même… et se laisse trop souvent berner. Déconsidérée par ses pairs pour son côté trop sérieux, ou parce-qu’elle a toujours le nez dans les écrits, on la juge aisément manipulable, ce qui est une grave erreur. Si Belle a des défauts, le manque de loyauté et la lâcheté n’en sont certes pas : prêter allégeance, c’est un serment sacré. Alors on peut la tromper parfois, jouer sur son innocence pour la troubler, avancer en loup masqué et la piéger : l’espoir brillant dans ses yeux ne s’éteindra qu’à la fin de toute chose. Et te r'voilà Comme d’habitude Avec ce sourire de cowboy qui me cloue et me tue Pourtant je sais pas c'qui retiens de t'en coller une C'est pas toi qui me décrocherai la lune Mon ami me tient et je n'y peux rien Et j'te reviens comme d’habitude
Et puis, ce n'était pas comme si toute cette bonne foi servait à alimenter un amour impossible, n'est-ce pas ? C'est le plus fou des romans, mais une foi n'est pas coutume, en dépit des recommendations et des voeux de ses protecteurs, Belle est tombée amoureuse d'un monstre, d'une Bête : Rumplestiltskin. Dans cet ordre, les lettres, voilà. Ce personnage aux desseins sombres et à l'âme torturée se pointe une triste journée, et contre victoire absolue, emporte le joyau du Seigneur Maurice. You know, there aren’t a lot of opportunities for women in this land to show what they can do. To see the world, to be heroes. Alors elle est partie, pas emportée mais a suivi, entrevoyant l'unique ouverture sur un monde fantasmé. Et... elle ne l'a pas vu arriver, ou plutôt si : tombant sous le charme du Ténébreux, elle a tenté plus que jamais de rompre le maléfice, de briser le mal qui s'ancrait en lui, et de lui offrir un happy ending, plutôt qu'une tasse ébréchée. Échec numéro 1, enregistré. Accepté. Essuyé. Elle faillit renoncer, mais quelle princesse aurait-elle fait si elle n'avait pas balayé la facilité d'un revers de main ? Sans jamais perdre espoir à travers les mondes et les batailles, elle sait qu'elle le retrouvera. Elle y croit. À l'aurore de chaque matin L'aventure commence alors Que la lumière nous lave les mains Tous ceux que l'on cherche à pouvoir aimer Sont auprès de nous et à chaque instant […] Debout dans le vent et semant le blé Pliés vers le sol, saluant la terre Assis près des vieux et tressant l'osier Couchés au soleil, buvant la lumière.
Mais aujourd’hui, lorsqu’elle se réveille, elle ne sait plus qui elle est, ni ce qu’elle est. Un corps dans une cellule, et des larmes qui coulent. Dans ses songes, des images se bousculent, mais une fois les yeux ouverts, il ne subsiste rien. Sans notion du temps, sans repères, Belle perd pied. On ne lui ouvre pas, on ne lui parle pas – mais si l’on veut la détruire, il en faudra bien plus que ça. Vous vous souvenez ? L’espoir, ça ne meurt jamais. « Tale as old as time, Song as old as rhyme » Elle se réveille en sursaut, le visage en sueur, la pénombre déjà familière. Seul un fin rayon de lumière passe entre les barreaux et strie le sol d’un halo blafard. Elle sent déjà les larmes lui monter aux yeux, mais calme sa panique, doucement. Elle n’a pas de souvenirs et dans les méandres de sa mémoire, il n’y a que cette pièce étroite et lugubre qu’elle a toujours connu. Oh, elle pourrait se rappeler, sûrement : elle a bien dû avoir une vie, avant ça, non ? Oui, elle pourrait… sans l’apathie qui gangrène son corps, sans le poison des médicaments, anesthésiants, calmants, qui font de sa peau une deuxième cellule. Un flou permanent, elle tangue, le vague à l’âme : pas d’heures, pas de jours, juste une suite sans fin de la même interminable journée. Un réveil, un plateau repas, sont ses deux seuls marqueurs. Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Un an ? Dix ? Deux heures, deux jours ? Là, elle pleure – encore. Pas un bruit cependant, les larmes coulent silencieusement de ses yeux bleus qu’elle ne voit pas : elle n’a rien, pas de miroir, pas de surface, pour retrouver dans le reflet d’un regard une âme qui s’est échappée. Elle n’a ni Dieu ni étoile, qui pourrait lui dire ce qu’elle fait enfermée ici ? La question revient, lancinant leitmotiv sans réponse. Qui est-elle, que fait-elle, qu’a-t-elle fait ? Enfin, il y a ce visage qui se dessine parfois dans l’encadrement de la porte : un visage parfait, parfaitement cruel. Elle ne sait pas qui est cette femme, qui sont ces yeux de haine et de feu qui la regardent avec un sadisme satisfait, et qui repart sans un mot, ne laissant derrière elle que le mépris de son rictus. Pourtant… pourtant elle ferme les yeux, et respire, se réfugie dans ce qui semble avoir encore du sens : ses connaissances. Car parmi tous ces maudits instants d’éternité, elle peut voler de la réalité. Elle se souvient de certains livres, de certains lieux, d’histoires et de rêves, de narrations et de fictions. Elle a renoncé à comprendre d’où cela venait, mais c’est un trésor que la femme maléfique n’a pas pu lui voler, un trésor qu’elle garde dans son cœur. Un indice sur son identité, ou à défaut, sur son passé – elle aimait lire, elle aimait apprendre et elle savait retenir. Or, elle sait que cela ne suffit pas – ce n’est qu’un refuge éphémère. Et combien de temps encore devra-t-elle supporter cette aliénation, hurler silencieusement sa douleur et refouler sa folie ? Combien de temps, combien de… Ses yeux s’ouvrent brusquement – elle n’a pas entendu l’infirmier arriver et se laisse tomber, poupée, princesse de chiffon, contre les murs capitonnés, tandis que la seringue se retire de son bras, ne laissant qu’un petit point de sang. Comme une rose. * Comme une rose. Belle sourit. Belle comme une rose, c’est le compliment préféré de son père. Elle l’étreint tendrement, mais sent la peur l’envahir. La Guerre des Ogres a apporté avec elle un chaos auquel seule la magie pourra mettre un terme. Que va-t-on faire ? La question, muette, reste en suspens. Elle sait que le Seigneur Maurice a une idée, mais qu’une hésitation l’empêche d’affirmer sa décision. Et Gaston qui n’aide en rien… Tiens, le voilà qui arrive, justement. Le Sauveur, tu parles. Bellâtre et superficiel, mais pourtant assez estimé par son père pour qu’il accepte de fiancer son unique fille, son trésor le plus chéri, à cet homme. En dépit de l’aversion de Belle pour le jeune homme (et de ses moues désespérées, de ses commentaires sarcastiques, de ses roulements d’yeux à chaque fois qu’il ouvrait la bouche), Maurice était certain que Gaston était ce qu’il pouvait arriver de meilleur à sa petite fille. Ce qui ne l’empêchait pas, elle, de se demander comment son papa adoré pouvait se fourvoyer à ce point… mais passons. Et de n’avoir personne à qui se confier, depuis que sa mère était partie il y a quelques années, cela l’attristait parfois. Belle avait beaucoup d’amis et les sujets de son père la considéraient comme une bienfaitrice. Belle faisait preuve d’une douceur et d’une bonté naturelles envers chacun et savait se montrer patiente et juste avec ses pairs ou les domestiques, les nobles seigneurs, les braves gens. Mais bon sang, elle n’était pas une potiche et aspirait à autre chose que sourire niaisement en laissant son mari/son futur époux décider de ce que serait sa vie. Elle était intelligente, et s’il lui fallait se battre pour faire entendre sa voix, soit. Malgré l’amour qu’il lui portait, Maurice n’avait pas tellement apprécié que Belle demande à faire partie de son Conseil restreint, mais comme il ne pouvait pas lui refuser grand chose et qu’il était si fier d’elle… Ce fut ainsi que Belle se retrouva (enfin) au centre des décisions stratégiques, politiques et militaires de la seigneurie de son père. Enfin (encore) allait-elle pouvoir voyager, apprendre à se battre, devenir un héros, rencontrer des étrangers venus de contrées lointaines ! Ha ha ha. Comme si. Bon, ce n’était pas si lamentable, mais elle rêvait tellement d’autre chose ! D’ailleurs, d’aventure, du véritable amour – bas les pattes Gaston – de vieux grimoires et même de magie, n’importe quoi qui puisse l’arracher à sa vie – ce n’était même pas une vie ! – d’obligations et de soumission, de frustration, de routine. Elle en mourrait. Il paraît qu’il faut faire attention à ce que l’on souhaite, car cela peut se réaliser. Rapidement. Et pas de la manière dont on l’aurait imaginé… Lorsqu’Il se présenta, tout semblait perdu. Les landes du Seigneur Maurice étaient ravagées par les Ogres et leurs gens envoyés au massacre. Belle aidait à la gestion des ressources pour aider au mieux à la survie des populations, mais il fallait des combattants, et envoyer les jeunes et les hommes à la guerre. Malgré tous ses livres, malgré ses connaissances, Belle demeurait impuissante à arrêter le chaos et ne pouvait trouver le sommeil : comment dormir lorsque son peuple mourrait pour elle ? Elle se haïssait et enviait finalement ceux qui partaient l’arme au poing et le Salut dans l’âme à la rencontre de leur premier et ultime héroïsme. Était-ce noble de rester retranchée derrière les murailles ? Était-ce juste d’abreuver la terre de sang alors que le vin coulait toujours à flots ? Rien ne lui aurait résisté si elle avait voulu outrepasser les vœux de son père, mais la crainte terrible de la voir arrachée lui ôtait toute compassion, toute lucidité : Belle n’irait nulle part, quitte à la tenir enfermée. Mais il ne pouvait pas laisser les Ogres gagner… Lorsqu’Il se présenta, Belle se sentait perdue. Il n’y avait rien à faire et l’impuissance la rongeait comme de l’acide. Et seule Sa venue lui donnait de l’espoir, seul Lui pouvait ramener la paix et préserver ce qu’elle aimait – si seulement il daignait se montrer ! « Well, that was a bit of a letdown » Belle retint un cri. Il était là, narquois, une malveillance profonde luisant dans ses yeux, un rictus sur sa peau verdâtre, et son insolence alors que Gaston pointait son épée sur lui. « You sent me a message. Something about, um, "Help, help! We're dying! Can you save us?" Now, the answer is – yes, I can. Yes, I can protect your little town. For a price.— We sent you a promise of gold.— Ah… No. You see, um… I, uh, make gold. What I want is something a bit more special. My price… is her. »Tous les regards convergèrent instantanément vers elle. Wow. What ? Elle ? Avant même qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, elle fut interrompue. — No.— The young lady is engaged. To me. » Et voilà, c’était reparti, sois belle et tais-toi. Sans jeu de mot. Presque. Et désormais, ils essayaient de la marchander ? Youhou… elle était là, hein, juste, au cas où, essayant de comprendre où voulait en venir Le Ténébreux. Elle faillit dire quelque chose lorsque son père, tremblant de colère, chassa le magicien, elle faillit faire quelque chose mais Gaston la poussa avec très peu de délicatesse. Et elle n’eut rien à ajouter lorsqu’il passa devant elle, un nonchalant « comme vous voudrez » sur le bout des lèvres. La guerre des Ogres n’était clairement pas son problème, mais c’était le sien, à elle. « No, wait. » Un silence de mort dans la salle, et la boule au ventre, elle se dégage de l’étreinte de Gaston, s’avance lentement vers le Ténébreux, tente d’ignorer la stupeur et la fureur de ses protecteurs. Deux regards se croisent, deux univers s’entrechoquent. Il lui inspire du dégoût, il la terrorise. Qu’est-elle en train de faire ? « I will go with him. » Elle voudrait le gifler lorsqu’il ricane, lui faire comprendre que ce n’est pas un jeu – des vies sont sur le fil ! Et les voilà qui l’interrompent : d’où lui interdit-on de faire quelque chose ? Elle n’est plus une satanée enfant ! Et personne ne décide de son destin, à part elle. Ferme presque les yeux lorsqu’elle entend le petit avertissement rieur, c’est pour toujours, ma chère. Son excitation la ferait vomir : non, elle ne veut pas aller avec lui, pour toujours. Mais sa famille, ses amis… l’aventure ne frappe à votre porte qu’une seule fois – et c’est un appel. S’ils sont tous sauf, elle se sacrifiera, fera ce qu’elle a toujours attendu de faire. Résignée, l’expression de son père lui brise le cœur. Soudain, la guerre des Ogres n’a plus de sens pour lui, et il brûlerait lui-même son château et tout le pays pour sauver sa fille du pacte avec la Bête. Mais lorsqu’il pose les mains sur elle et la pousse vers la sortie, tous, dans la pièce, savent qu’il n’y a pas de retour possible. * Comment osait-il la traiter de la sorte ? Pour qui la prenait-il ? Elle, se contenter d’un cachot ? Belle n’était pas précieuse mais il y avait des limites à ne pas franchir ; elle lui avait offert sa vie et il s’employait déjà à la désagréger ? Le cœur brisé et les rêves piétinés, Belle se résigna à faire ce pour quoi elle était là : servir son nouveau maître. Et dire que c’était de liberté et d’autonomie dont elle avait rêvé… Il ne lui facilitait jamais la tâche, parlait peu, s’amusait de remarques cruelles et ponctuait ses discours de petits rires narquois – le même qu’il avait eu en la prenant. Sa seule consolation consistait à se dire que sa famille, ses amis, étaient saufs. Mais elle, elle, avait tradé son héroïsme de bas étage et sa vie « trop bien pour elle » contre un cachot humide et une vie de prisonnière. La jeune femme s’acquittait de ses tâches avec soin et grande minutie, et bien que parfois maladroite, elle s’efforçait de rendre au Château sa splendeur passée, servant son thé à Rumplestiltskin et nettoyant, rangeant, chaque objet, ce qui lui permit de connaître les lieux de manière approfondie. Chaque objet portait une signification et par ce biais, elle tenait de comprendre qui était son geôlier. Chaque objet donc, même ce petit service à thé dont elle remplissait les tasses – dont elle remplit la tasse ce jour où il lui annonça, nonchalamment, pendant l’énoncé de ses devoirs, qu’il lui faudrait aussi écorcher les enfants qu’il… Elle lâcha la tasse en même temps que son cœur loupa un battement. Et lui de la regarder avec amusement – ce n’était qu’une boutade. Ah, très drôle ! Et elle était censée, quoi, lire dans les pensées ou détecter le sarcasme venant d’un homme qui mentait à longueur de journée ? Confuse, elle se baissa pour ramasser la tasse, un sourire nerveux aux lèvres, qui devint paniqué lorsque ses yeux se posèrent sur la brèche. « Well, it’s just a cup. » Bon, merci de la précision alors, c’est si délicat de lui éviter une double attaque cardiaque. Avec un soupir de soulagement, elle reposa la tasse sur le plateau. Combien de temps encore allait durer cette atmosphère empoisonnée ? Et il faudrait vraiment songer à ouvrir les rideaux. Finalement, si les semaines passèrent, l’exercice se révéla moins ardu qu’au départ. Belle s’habituait au caractère changeant de Rumplestiltskin, à ses rires ou ses boutades idiotes – qui lui arrachaient parfois un sourire. Elle se surprenait à lui trouver du goût, en matière de culture, d’art, de choix, de mots. C’était un personnage cultivé et fort intéressant, mais trop fermé et bien trop choquant pour qu’elle puisse envisager d’entretenir une relation encore cordiale. Sans compter que tous les soirs, allongée sur les dalles froides de sa cellule, elle n’imaginait pas un instant refouler les larmes, la tristesse et l’amertume. Pleurant de tout son soûl, elle finissait par s’endormir, lassée, épuisée, se préparant à une nouvelle journée d’appréhension. Belle n’avait simplement pas prévu qu’il entrerait en coup de vent dans sa cellule, restant son seul havre de repos, pour lui lancer un oreiller en pleine figure car monsieur avait du travail, et monsieur ne pouvait réfléchir que dans le calme, et mademoiselle empêchait monsieur de faire les deux. Un « merci » qui se veut sec mais qui se noue dans la gorge, puis c’est un autre bruit que l’on entend, provenant de la Grande Salle. L’épisode qui s’ensuivit fut déterminant et changea le regard que Belle portait sur son maître – en épargnant finalement Robin (non sans l’avoir torturé auparavant), en écoutant ses supplications à elle (après l’avoir forcé à l’accompagner pour l’exécution), en décidant d’écouter une conscience, un cœur et une voix plutôt qu’une sombre haine et une soif de sang, Rumplestiltskin sut malgré lui convaincre Belle de ce qu’elle espérait ; qu’il existait un homme malgré, et derrière, la Bête. Et cet homme ne consistait pas en un visage derrière un masque de monstre ; il possédait un cœur et de la lumière en lui. Cette nouvelle salle à nettoyer ? C’était un cadeau ! Le sourire et la chaleur de Belle ne trompèrent personne : elle éprouvait de la reconnaissance envers son maître, et ce, pour la première fois. Mieux, il lui donnait à nouveau une flamme d’espoir. Désormais, ce fut avec un comportement courtois qu’elle accueillit ses remarques, et elle s’autorisa à apprendre à le connaître. Malgré sa laideur apparente et ses accès de cruauté, Rumplestiltskin se montra plus patient envers elle, jamais méchant, même… confiant. Il devait bien avoir confiance en elle, pour lui livrer, à cœur entre-ouvert, quelques mots sur sa vie, non ? Et pour la rattraper in extremis lors de sa chute (quelle idée de clouer les rideaux, sérieusement). La confiance et l’attachement qui naquirent furent réciproque, mais ne progressèrent pas avec la même intensité. Belle s’imaginait parfois qu’il pourrait exister entre eux une complicité, car elle la ressentait. Rumplestiltskin l’émouvait plus qu’elle ne le montrait et elle aurait tellement voulu le protéger ! Et si triste, si seul dans cet immense Château, avec la haine de soi et seuls ses pactes comme exutoires, il attisait toute la bonté qui se trouvait en elle. Petit à petit, ils se révélaient et le jour vint où Belle se sentit enfin bien dans ce Château, presque à sa place. Elle avait pris possession des couloirs, des objets, laissant sa touche féminine et délicate dans un endroit auparavant habité par les ténèbres. Léger sourire, et elle s’asseyait sur les tables, prenait ses marques, et le Ténébreux « s’y habituait ». Cela ne se transformait pas toutefois en idylle, et en dépit de tous ses efforts, il fallait avouer que dès qu’elle faisait un pas en avant, il en faisait souvent deux en arrière. Jamais trop près, jamais trop fort. « … you know, to me, love is… love is layered. Love is a… a mystery to be uncovered. Yeah, I could never truly give my heart to someone as superficial as he. But, you were going to tell me about your son. — I’ll tell you what – I’ll make you a deal. Go to town and fetch me some straw. When you return, I’ll share my tale.— To town ? You trust me to come back?— Oh, no. I expect I’ll never see you again. »Elle ne savait pas quoi répondre, partagée entre la joie et la frustration. Enfin, elle allait pouvoir sortir, retourner au village et jouir de sa liberté. De l’autre côté, il la repoussait clairement alors que tout ce qu’elle voulait, c’était parvenir à fissurer doucement sa carapace. Sans avoir trop le choix, Belle partit. Sitôt le pied dehors, elle se rendit compte de deux choses dramatiques. Premièrement, elle s’était vraiment attachée à la Bête. Deuxièmement, elle ne pourrait pas retourner auprès de lui. Il n’y avait qu’un pas à faire, puis deux, trois, et elle courrait, libre, sans attaches, sans entraves pour se construire une nouvelle vie. Évidemment, c’était sans compter sur Regina, pour vous servir. Ou vous empoisonner l’esprit, qui sait ? Car lorsque Belle revint finalement auprès de Rumplestiltskin, exaltée par la reconnaissance de son… amour ?, les paroles de la Reine lui avaient semblé une évidence. Ç’allait être son histoire à elle, son conte de fée ! Et lorsque leurs lèvres se frôlèrent, délicatement, hésitantes, lorsque leurs visages se touchèrent, elle le sentit. L'Amour, avec un grand "A", l'amour qui pouvait briser toutes les malédictions. Enfin, ça, ça ne dura qu'un instant : ce qu'elle sentit surtout après fut la rage indicible et irrationnelle de Rumplestiltskin à son égard. Le rejet fut pire qu'une gifle, et l'incompréhension fut la plus cruelle désillusion qu'elle eut à subir. Cette nuit-là, recroquevillée sur elle-même dans le donjon, elle pleura comme au premier soir. * Il entra, raide, le regard perçant. L'ordre la frappa encore plus durement que toutes ses autres paroles, et elle ne put obtempérer sans une dernière tentative... « You were freeing yourself! You could’ve had happiness if you just believed that someone could want you. But you couldn’t take the chance.— That’s a lie.— You’re a coward, Rumpelstiltskin. And no matter how thick you make your skin, that doesn’t change.— I’m not a coward, dearie. It’s quite simple, really. My power, means more to me than you.— No. No, it doesn’t. You just don’t think I can love you. Now, you’ve made your choice. And you’re going to regret it, forever. And all you’ll have, is an empty heart... and a chipped cup. »* Belle ne pleura pas. Ou du moins, elle n’en eut pas conscience : car dès l’instant où ses larmes ne pouvaient la ramener en arrière, elle n’avait rien à attendre de ses larmoiements. Alors, elle fit ce dont elle rêvait depuis le plus jeune âge : elle partit, et elle vécut. Il y eut ce nain, Rêveur, et son Amour, la fée. Il y eut ces hommes et leur expédition pour trouver le Yaoguai, il y eut sa rencontre avec Mulan et la rupture du maléfice du Prince Philippe. Ha ! Au moins un qu’elle avait réussi à aider… comme quoi elle pouvait y arriver ! Pris d’un énorme élan d’affection pour Philippe, elle se résolut néanmoins à quitter ses nouveaux compagnons, transcendée par sa dernière aventure, plus que jamais résolue à retrouver le Ténébreux et à lui faire réaliser leur amour. Ah oui, pardon. Note : ne pas égarer intentionnellement des hommes armés, dangereux, revanchards, et stupides. C’est toujours comme cela qu’on finit par se retrouver (encore.. !) prisonnière. Bon, d’un autre côté, elle retrouvait un donjon. C’était un début. Mais si Regina croyait qu’elle allait pouvoir l’utiliser pour triompher de Rumplestiltskin ( son Rumplestiltkin), elle se fourvoyait, et pas qu’un peu. Par contre, l’autre, avec son crochet à la main, lui fit déjà plus peur : mais elle ne céda pas non plus. Pourquoi tout le monde s’obstinait à vouloir sa mort ? Ne pouvaient-ils pas voir l’homme en lui ? Visiblement non. Mais une personne pour y croire, de toute son âme, ça suffirait, elle en était convaincue. D’autant plus que ladite personne, c’était elle, Belle. Certes, elle n’avait pas prévu de se retrouver coincée dans un monde sans magie, dans une cellule d’hôpital, et sans souvenirs. Mais un jour, elle le retrouvera. Personne ne pourrait les séparer éternellement. - Traduction des dialogues:
« Eh bien, voilà qui sonnait défaitiste. Vous m'avez envoyé un message. Quelque chose du genre "Au secours, au secours ! Nous sommes en train de mourir ! Aidez-nous !" La réponse est oui - oui, je peux vous aider. Oui, je peux protéger votre petite ville. Pour un prix. — Nous vous avons promis de l'or. — Ah... non. Voyez-vous... je, euh, fabrique de l'or. Ce que je veux est un petit peu plus spécial. Mon prix... c'est elle. — Non. — La jeune femme est fiancée. À moi. »
« Attendez. J'irai avec lui. »
« Eh bien, ce n’est qu’une tasse. »
« … vous savez, à mes yeux, l'amour est... l'amour n'est pas uniforme. L'amour est un... un mystère à percer. Je ne pourrai jamais donner entièrement mon coeur à quelqu'un d'aussi superficiel que Gaston. Mais vous alliez me parler de votre fils. — Je vais vous proposer quelque chose - faisons un pacte. Allez en ville, ramenez moi de la paille. Lorsque vous reviendrez, je partagerai mon histoire. — En ville ? Vous me faites confiance pour revenir ? — Oh, non. Je m'attends à ne plus jamais vous revoir. »
« Vous vous libériez ! Vous auriez pu être heureux, si seulement vous aviez cru que quelqu'un pourrait vous aimer. Mais vous n'avez pas su saisir cette opportunité. — C'est un mensonge. — Vous êtes un lâche, Rumpelstiltskin. Et peu importe combien vous durcissez votre carapace, ça ne changera pas. — Je ne suis pas un lâche, ma chère. C'est plutôt simple, en fait. Pour moi, mon pouvoir signifie plus que vous. — Non. Non, c'est faux. Vous ne pensez simplement pas que je puisse vous aimer. Et désormais, vous avez fait votre choix, et vous allez le regretter. Et tout ce que vous aurez sera un coeur vide... et une tasse ébréchée. »
« C'est la fête ! » En vrai, je me nomme Manon mais sur le web on m'appelle mou. Actuellement j'ai dix-neuf patates, et si j'ai bien regardé dans ma culotte, je suis une princesse. Je me suis fait piéger sur Keep it Secret en fouinant sur PRD, et j'aimerai dire que supercalifragilisticexpialidocious. fiche par © anouk
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